Ville en four l’été : quelles solutions pour rafraîchir nos cités ?
- # Adaptation climatique, Albédo, Climat urbain, îlot de chaleur urbain, Refroidissement urbain, Végétalisation, Ville durable
- Pauline Alves


Pourquoi les villes deviennent des fours ?
En effet, les villes retiennent la chaleur par la minéralisation des sols et l’utilisation de matériaux sombres (bitume, béton). Cette configuration crée des îlots de chaleur urbains (ICU), où les températures peuvent dépasser de plus de 1 à 3 °C celles des zones rurales environnantes.
De plus, la densité urbaine bloque les vents et freine l’évapotranspiration. En conséquence, les vagues de chaleur deviennent plus fréquentes et intenses, accentuées par :
- l’absence de végétation,
- les rejets de chaleur anthropique (clim, véhicules),
- l’imperméabilisation des sols
Il en résulte d’importants enjeux sanitaires : canicules plus violentes, hausse de la mortalité, maladies respiratoires et cardiovasculaires.
Les solutions qui fonctionnent aujourd’hui
Voici les six axes d’action les plus efficaces :
- Végétalisation pérenne
Planter des arbres et arbustes dans les rues, les parcs ou sur les toits réduit la température grâce à l’ombre et l’évapotranspiration. Une couverture d’au moins 30 % d’arbres en ville pourrait diminuer la mortalité estivale de 30 %
- Matériaux à fort albédo
Toitures blanches réfléchissant le soleil, pavés clairs ou revêtements drainants limitent l’absorption solaire. Selon Météo‑France, ces mesures peuvent réduire la température urbaine de 1 à 4 °C
- Réintégration de l’eau
Fontaines urbaines, brumisateurs, noues ou jardins de pluie permettent de rafraîchir l’air par évaporation. Par exemple, créer un jardin de pluie par hectare peut faire baisser la température d’1 °C sur un périmètre de 100 m
- Refroidissement actif et passif
Réseaux de froid urbains, puits canadiens, murs Trombe et pergolas climatiques offrent des alternatives naturelles à la climatisation.
- Urbanisme bioclimatique
Structurer la ville de manière à favoriser la circulation de l’air (rues orientées, espace entre bâtiments, ventilation naturelle) réduit la concentration de chaleur.
- Entretien et préservation des arbres existants
Protéger les arbres en place est essentiel : contrairement aux nouveaux plants, les grands arbres rafraîchissent significativement le climat urbain .
Par ailleurs, la conjugaison de plusieurs de ces mesures maximise l’efficacité : une rue végétalisée avec une surface réfléchissante restera bien plus fraîche qu’une qui ne combine qu’un seul levier.

« Planter, réfléchir, désimperméabiliser : ce triple levier est la base d’une ville respirable. »
D’autres actions envisagées à l’échelle des villes
Ensuite, certaines villes expérimentent des solutions innovantes :
- Rénovation des cours d’écoles pour en faire des “îlots de fraîcheur” (projet Oasis à Paris) .
- Réseaux de fraîcheur à base d’eau pluviale traitée circulant à travers pavés réfrigérants.
- Contrôle réglementaire, notamment via la limitation du bétonnage et la désimperméabilisation ciblée.
- Modifications des habitudes collectives, comme des horaires décalés pendant les canicules.
Enfin, la refonte des politiques d’urbanisme intégrées – trames vertes, zones piétonnes, systèmes d’irrigation – s’impose pour rendre les villes résilientes au changement climatique.