Barrage du Brahmapoutre : quand l’hydroélectricité heurte la durabilité

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En Chine, un barrage titanesque sur le fleuve Brahmapoutre alimente les tensions. Derrière sa promesse d’énergie verte, ce chantier soulève des questions sur son impact écologiques et géopolitiques.
La Chine commence à construire un barrage monstre au Tibet
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Peut-on encore parler d’écoconstruction quand l’environnement paie le prix fort ?

Un projet hors norme aux enjeux complexes

La Chine a lancé la construction d’un immense barrage hydroélectrique à Medog, près de la frontière avec l’Inde, sur le haut Brahmapoutre. Ce projet vise à produire autant d’électricité que trois barrages des Trois Gorges, soit l’équivalent de plus de 60 GW. Ainsi, il est présenté par le gouvernement chinois comme un outil essentiel pour la transition énergétique du pays. Il s’agit de réduire la dépendance aux énergies fossiles, en particulier dans un contexte de forte croissance industrielle.
Cependant, l’ampleur du projet interroge. Le chantier se déroule dans une zone sismique fragile, à haute valeur écologique.
De plus, le fleuve Brahmapoutre alimente des millions de personnes en aval, notamment en Inde et au Bangladesh.
En cas de modification du cours ou de réduction du débit, les conséquences pourraient être lourdes.

Une "énergie propre" pas si verte ?

L’hydroélectricité est souvent qualifiée d’énergie propre. Elle ne rejette pas de CO2 lors de la production.
Mais construire un barrage de cette ampleur suppose de déplacer des populations, de détruire des habitats naturels et d’artificialiser des centaines de km².
Les experts s’inquiètent aussi du manque de concertation internationale. Ce barrage modifie un fleuve transfrontalier
sans accord préalable avec les pays riverains. L’Inde, en particulier, redoute un usage géopolitique de l’eau par la Chine.
Ces impacts rappellent que la durabilité d’un projet ne peut pas se résumer à sa seule étiquette « bas carbone ».
Il faut prendre en compte les ressources locales, les enjeux humains, la biodiversité et la résilience territoriale.
Sur ce sujet, lire aussi : Les matériaux biosourcés, une solution durable pour l’avenir
comment fonctionne l'hydroélectricité

"L’avenir écologique ne peut se bâtir sur des logiques de puissance."

Que retenir de ce projet pour la construction responsable ?

L’immense barrage du Brahmapoutre nous oblige à réfléchir. Il pose une question clé : jusqu’à quel point peut-on justifier un projet au nom de l’écologie, si ses impacts sociaux et environnementaux sont démesurés ?
Pour les professionnels de la construction durable, cet exemple illustre l’importance de l’analyse du cycle de vie et de la concertation locale.
Il souligne aussi le rôle crucial des échelles : un projet peut être vertueux à l’échelle locale, mais nocif à l’échelle régionale.
Enfin, ce barrage rappelle que la transition énergétique doit être guidée par une éthique de la soutenabilité. Cela passe par des solutions adaptées aux contextes locaux, réversibles, sobres en ressources, et acceptées par les populations.

Pour un point de vue technique et factuel sur le projet, voir la publication de Géo : La Chine lance la construction d’un méga-barrage controversé au Tibet.

Le barrage hydroélectrique du Brahmapoutre incarne une contradiction majeure : vouloir à tout prix produire une énergie « propre », même au détriment des équilibres écologiques et géopolitiques. Il illustre l’urgence de repenser nos critères de durabilité, au-delà des seuls gains en carbone. Pour construire l’avenir, il ne suffit pas de verdir nos technologies : il faut aussi respecter les territoires, les ressources et les populations.

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