Sargasses : des briques d’algues pour bâtir durablement
- Bas carbone, Construction durable, Matériaux biosourcés
- Ambre Levesque
Quand la nature devient ressource : les briques en sargasses, une pollution tran
Chaque année, des tonnes de sargasses s’échouent sur les côtes tropicales, étouffant les plages et la biodiversité.
Aujourd’hui, la recherche transforme ce fléau en opportunité. Ces algues brunes, autrefois considérées comme des déchets, deviennent des briques pour une construction durable.
Une menace environnementale coûteuse
Les sargasses prolifèrent dans la mer des Caraïbes et le golfe du Mexique.
Elles forment des nappes parfois longues de plusieurs kilomètres.
Lorsqu’elles s’échouent, elles libèrent des gaz soufrés nocifs pour la santé et l’environnement.
Chaque année, plus de 10 millions de tonnes sont collectées dans les Antilles françaises selon l’IFREMER.
Leur traitement coûte des millions d’euros aux collectivités locales.
Des sargasses aux briques biosourcées
Face à ce constat, des chercheurs en Guadeloupe, Martinique et au Mexique transforment ces algues en matériau de construction.
Les sargasses séchées et broyées sont mélangées à de la chaux, de la terre ou à d’autres liants naturels.
Résultat : une brique locale, écologique et à faible empreinte carbone.
Des briques d’algues pour construire durablement
Les briques issues de sargasses sont légères, respirantes et biodégradables.
Elles offrent des performances isolantes comparables à certains matériaux traditionnels tout en réduisant l’empreinte carbone du bâtiment.
Un matériau en sargasses local et bas carbone
Des prototypes développés par AlgEco au Mexique et SargEco en Guadeloupe prouvent leur efficacité.
Les briques conviennent pour des murs non porteurs, cloisons et remplissages isolants.
Leur fabrication demande peu d’énergie : les algues sont simplement séchées au soleil, sans cuisson ni produits chimiques.
Un marché émergent mais prometteur
Aujourd’hui, le marché reste expérimental.
En Guadeloupe et Martinique, des projets pilotes testent ces briques sur des bâtiments publics et logements sociaux.
Au Mexique, l’entreprise Sarganico les commercialise déjà pour la construction légère.
En France hexagonale, la filière reste à l’étude, soutenue par l’ADEME et les universités d’Outre-mer.
Des laboratoires bretons explorent l’idée avec d’autres types d’algues locales, (notamment via le CEVA).
« Transformer un fléau naturel en ressource économique, c’est offrir un avenir durable aux territoires côtiers. »
Vers une économie circulaire grâce aux briques en sargasses
Les briques de sargasses s’inscrivent dans la logique d’une économie circulaire.
Elles transforment un déchet abondant en ressource, créent des emplois locaux et réduisent les importations de matériaux.
Un impact positif pour les territoires côtiers
Chaque brique produite valorise une tonne de sargasses qui ne sera ni brûlée ni enfouie.
Cette approche soutient l’économie locale et favorise l’autonomie des îles.
Des perspectives de développement durable
Des architectes antillais conçoivent déjà des maisons bioclimatiques à base de sargasses.
Ces briques régulent naturellement la température intérieure et réduisent les besoins en climatisation.
En parallèle, plusieurs projets européens (FEDER) visent à normaliser la filière et encourager son exportation vers d’autres régions touchées par les marées d’algues.
