C’est quoi le droit de préemption ?

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Vous souhaitez vendre un bien ou en acheter un ? Le droit de préemption peut changer la donne. Voici ce qu’il faut savoir.
Droit de préemption
tirelire cochon bleu
Avant de signer un compromis de vente, mieux vaut savoir si quelqu’un d’autre peut vous passer devant.

Le droit de préemption : définition, objectifs et fonctionnement

Le droit de préemption est un mécanisme juridique qui permet à une personne morale, généralement une collectivité territoriale ou un établissement public, d’acquérir en priorité un bien immobilier mis en vente, avant qu’il ne soit vendu à un tiers. Ce droit intervient dans un cadre précis et répond à des objectifs d’intérêt général. Il vise notamment à accompagner les projets d’urbanisme, favoriser la mixité sociale, lutter contre la spéculation foncière, ou préserver certains territoires.

En pratique, lorsqu’un bien est mis en vente, le propriétaire doit en informer la mairie s’il se trouve dans une zone de droit de préemption urbain (DPU). Cette zone est délimitée par la collectivité, souvent dans le cadre de son plan local d’urbanisme (PLU). Ce n’est qu’à l’intérieur de cette zone que le droit de préemption peut être activé.

La procédure débute par l’envoi d’une déclaration d’intention d’aliéner (DIA) à la commune. Cette déclaration mentionne le prix de vente, les caractéristiques du bien et les conditions de la transaction. La mairie dispose alors d’un délai de deux mois pour répondre. En l’absence de réponse, on parle de renonciation tacite, et la vente peut se faire librement. En revanche, si la commune accepte, elle se substitue à l’acheteur initial.

Ce droit est strictement encadré. Il ne peut être exercé que si un projet public justifie l’achat : construction de logements sociaux, création d’un parc, réhabilitation de quartier, etc. L’absence de projet sérieux ou précis peut donner lieu à des recours.

Pour comprendre comment ce droit peut influencer une transaction, voir notre article : Compromis de vente

Quelles sont les conséquences pour les vendeurs et les acheteurs ?

Pour le vendeur, le droit de préemption introduit une contrainte de temps et d’incertitude. Tant que la mairie n’a pas répondu à la DIA, la vente ne peut pas être conclue. Cela peut retarder la transaction de plusieurs semaines. Par ailleurs, si la mairie exerce son droit, le vendeur devra vendre à la commune, aux conditions initialement prévues dans la DIA, y compris le prix.

Si la commune propose un prix inférieur à celui mentionné, le vendeur peut refuser. Dans ce cas, une négociation s’engage, ou bien le tribunal administratif peut être saisi pour trancher. Le vendeur a également le droit de renoncer à la vente.

Pour l’acheteur, le risque principal est de perdre le bien convoité. Même après avoir signé un compromis de vente, la transaction ne peut aboutir que si la commune ne préempte pas. C’est pourquoi il est fortement recommandé de se renseigner avant d’acheter. Il est possible de consulter le PLU ou de demander au notaire si le bien se situe en zone de préemption.

Pour mieux anticiper les charges liées à la vente ou à l’achat d’un bien, notre article Taxe foncière : définition et calcul peut vous être utile.

Certaines situations échappent à ce droit : ventes entre membres d’une même famille (ascendants, descendants), partage successoral, ventes judiciaires, etc. Ces cas d’exonération sont listés dans le Code de l’urbanisme.

En résumé, ce droit vise à encadrer les ventes dans l’intérêt public, mais il peut être source de frustration si mal anticipé. La vigilance en amont du projet est essentielle, que l’on soit vendeur ou acheteur.

Droit de préemption

"Le droit de préemption est un outil de planification urbaine, mais il doit s'exercer avec transparence et pertinence."

Peut-on contester l’exercice du droit de préemption ?

Il est possible de contester un droit de préemption, mais uniquement dans certains cas. Si le vendeur ou l’acheteur estime que la commune n’a pas de projet réel, que la décision repose sur des critères flous ou qu’elle semble abusive, il peut saisir le tribunal administratif. Ce dernier vérifie la légalité de la décision, mais les recours restent longs, complexes, et peu souvent couronnés de succès.

Le contentieux porte souvent sur l’absence de motivation de la décision, sur le manque de projet concret, ou sur un prix trop bas imposé au vendeur. Il est recommandé d’être assisté par un avocat spécialisé en droit public pour entamer ce type de procédure.

En parallèle, il existe d’autres types de droits de préemption. Par exemple :

Le droit de préemption des locataires : lorsqu’un bailleur vend un logement vide, le locataire bénéficie d’un droit de priorité pour l’acquérir au prix proposé.

Le droit de préemption SAFER : pour les terrains agricoles ou forestiers, ce droit permet à la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural) d’acheter en priorité afin de préserver le foncier agricole.

Le droit de préemption commercial : certaines communes peuvent intervenir dans la vente de fonds de commerce ou de baux commerciaux pour préserver la diversité commerciale d’un quartier.

Pour aller plus loin sur le financement d’un achat immobilier dans ce contexte, consultez notre article : Crédit immobilier : comment ça marche ?

Ces droits ne concernent pas uniquement l’urbanisme, mais aussi des enjeux sociaux, agricoles ou économiques. C’est pourquoi il est crucial de bien comprendre le contexte dans lequel une préemption peut être exercée.

Pour des informations officielles et à jour, consultez : Service public : le droit de préemption urbain expliqué

Le droit de préemption est un outil puissant au service des politiques publiques. Bien que protecteur de l’intérêt général, il peut entraîner des délais, des incertitudes et des incompréhensions pour les particuliers. C’est pourquoi il est crucial, que vous soyez vendeur ou acheteur, de bien vous informer en amont, de solliciter des conseils juridiques et de rester vigilant tout au long du processus.

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