Corsia : un mécanisme clé pour la décarbonation de l’aviation
- Bas carbone, Projets publics
- Pauline Alves


Comprendre le mécanisme Corsia
CORSIA est conçu pour stabiliser les émissions de CO₂ de l’aviation internationale au niveau de 2020, en compensant toute augmentation des émissions au-delà de ce seuil. Le programme repose sur plusieurs phases d’application progressive :
- Phase de surveillance (2019-2020) : Durant cette période, les compagnies aériennes devaient mesurer et déclarer leurs émissions de CO₂ afin d’établir une base de référence.
- Phase pilote (2021-2023) : La participation volontaire permettait aux États engagés d’expérimenter le mécanisme de compensation en achetant des crédits carbone certifiés.
- Première phase (2024-2026) : Un plus grand nombre d’États rejoignent le programme, consolidant ainsi les efforts collectifs pour stabiliser les émissions du secteur.
- Phase obligatoire (dès 2027) : Tous les États membres de l’OACI, à quelques exceptions près, devront obligatoirement compenser leurs émissions excédentaires.
Les crédits carbone achetés par les compagnies aériennes doivent répondre à des critères de certification rigoureux, garantissant qu’ils financent des projets environnementaux réellement efficaces. CORSIA encourage également la transition vers des carburants alternatifs et des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
Les défis et critiques du programme
Si CORSIA constitue une avancée dans la lutte contre les émissions du secteur aérien, il fait néanmoins face à plusieurs critiques et défis :
- Portée limitée : Le programme ne concerne que les vols internationaux, excluant les vols domestiques, qui représentent une part significative des émissions globales de l’aviation.
- Participation volontaire initiale : Durant les premières phases, certains grands États émetteurs ont tardé à s’engager, réduisant ainsi l’impact global de la démarche.
- Efficacité des compensations : Les crédits carbone, bien qu’encadrés, restent un outil controversé, notamment lorsque certains projets de compensation présentent un risque de non permanence (par exemple, reforestation vulnérable aux incendies).
- Manque d’incitations aux réductions directes : Le recours aux compensations peut détourner les compagnies aériennes des efforts pour réduire directement leur consommation de carburant et améliorer leur efficacité énergétique.
Certaines organisations environnementales estiment que CORSIA devrait être accompagné de mesures plus strictes pour obliger les compagnies aériennes à réduire leurs émissions à la source, par le biais de technologies innovantes et de carburants alternatifs.

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Perspectives d'avenir pour une aviation durable
Pour garantir l’efficacité de CORSIA et accélérer la transition énergétique du secteur aérien, plusieurs pistes d’amélioration peuvent être envisagées :
- Inclusion des vols domestiques : Étendre le programme aux vols intérieurs permettrait d’intégrer une part plus large des émissions aériennes et de renforcer la cohérence du dispositif.
- Développement des carburants durables (SAF) : L’encouragement à l’utilisation des SAF (Sustainable Aviation Fuels) pourrait permettre une réduction significative des émissions, avec des alternatives aux carburants fossiles déjà en développement.
- Innovation technologique : L’investissement dans la recherche pour développer des avions plus performants, allégés et consommant moins de carburant, voire alimentés à l’hydrogène, représente une voie prometteuse.
- Harmonisation avec d’autres régulations : Assurer une compatibilité entre CORSIA et d’autres initiatives, comme le Système d’Échange de Quotas d’Émission de l’UE, permettrait d’éviter les redondances et de maximiser l’efficacité des mesures de décarbonation.
Certaines compagnies commencent déjà à intégrer ces approches en modernisant leur flotte et en adoptant des technologies plus économes en carburant, mais des efforts supplémentaires sont nécessaires pour assurer une aviation véritablement durable.