Les matériaux vivants : le futur de la construction durable
- Pauline Alves
Qu’est-ce qu’un matériau vivant ?
Les matériaux vivants sont des matériaux biologiques conçus à partir d’organismes tels que des bactéries, des champignons ou des algues. Ces matériaux présentent des propriétés uniques, notamment la capacité de croître, de réparer leurs propres dommages et d’interagir avec leur environnement.
Contrairement aux matériaux traditionnels, qui nécessitent des ressources limitées et produisent des déchets non biodégradables, les matériaux vivants adoptent une approche inspirée des cycles naturels. Ils s’inscrivent ainsi dans une dynamique d’économie circulaire.
Exemples de matériaux vivants
- Béton auto-réparant
Ce matériau intègre des bactéries dormantes encapsulées avec du calcium. Lorsqu’une fissure se forme, l’eau qui y pénètre active les bactéries, lesquelles produisent du calcaire pour combler les fissures.
Avantages : Réduction des coûts de maintenance et augmentation de la durée de vie des infrastructures.
- Mycélium (champignons)
Utilisé pour fabriquer des briques ou des panneaux isolants, ce matériau est léger, biodégradable et possède d’excellentes propriétés isolantes.
Avantages : Nécessite peu d’énergie pour être produit, absorbe le CO₂ pendant sa croissance, et se décompose naturellement en fin de vie.
- Algues bioluminescentes
Ces algues peuvent être intégrées dans des façades ou des luminaires pour fournir de la lumière naturelle.
Avantages : Production d’oxygène et réduction de la consommation énergétique liée à l’éclairage.
- Peintures vivantes
Ces peintures contiennent des micro-organismes capables d’absorber le CO₂ ou de purifier l’air intérieur.
Applications : Idéal pour des bâtiments à faible impact environnemental, notamment dans des zones urbaines polluées.
Matériaux vivants et construction durable
Les matériaux vivants s’inscrivent dans une logique de durabilité, en répondant à plusieurs objectifs de la construction durable.
- Réduction de l’empreinte carbone
Les matériaux vivants, comme le mycélium ou les briques biologiques, capturent du carbone pendant leur fabrication ou leur utilisation. Contrairement au béton classique, dont la production est extrêmement émettrice de CO₂, ces matériaux absorbent plus de carbone qu’ils n’en produisent, contribuant ainsi à des bâtiments à faible impact. - Biodégradabilité et circularité
Les matériaux vivants sont conçus pour s’intégrer aux principes de l’économie circulaire. Une fois leur cycle de vie terminé, ils se décomposent naturellement ou peuvent être réutilisés dans de nouvelles constructions, réduisant ainsi les déchets. - Performances énergétiques
Certains matériaux vivants, comme le mycélium, offrent d’excellentes propriétés d’isolation thermique et acoustique. Cela diminue les besoins en chauffage et en climatisation, réduisant ainsi la consommation énergétique des bâtiments. - Durabilité et auto-réparation
Avec des matériaux comme le béton auto-réparant, les bâtiments nécessitent moins de maintenance. Cela prolonge leur durée de vie, réduit les coûts de rénovation et limite les impacts environnementaux liés à la production de matériaux de réparation.
Il ne sert de rien à l'homme de gagner la Lune s'il vient à perdre la Terre.
Études de cas inspirantes
- Living Architecture (LIAR)
Ce projet européen explore l’utilisation de briques vivantes capables de produire de l’énergie, de purifier l’air et de recycler l’eau.
Objectif : Créer des bâtiments régénératifs qui contribuent activement à leur environnement.
Impact : Amélioration de la qualité de l’air et réduction de la consommation d’énergie.
- The Growing Pavilion (Pays-Bas)
Construit entièrement à partir de matériaux vivants comme le mycélium, ce pavillon est une preuve de concept pour des constructions écologiques et temporaires.
Caractéristiques : Légèreté, biodégradabilité et isolation thermique naturelle.
Impact : Une empreinte carbone quasi nulle pour des événements ou des constructions modulaires.
- Mycelium House
Cette maison expérimentale utilise le mycélium pour ses murs et son isolation. Elle démontre que des matériaux biologiques peuvent rivaliser avec des matériaux traditionnels en termes de durabilité et de performances.
Impact : Une alternative viable pour des constructions à faible impact environnemental.